Promenade

Vimaire marchait les yeux fermés. Ses pieds voyait pour lui comme il aimait à le dire.Il ne portait pas avec ses bottes d'apparat dont Sybil tenait tellement qu'il se chausse mais ses Bottes. Avec un grand B. La semelle, aussi fine que du papier à cigarettes, laissait à sa vôute plantaire toute ses chances dans la lecture des pavés.
Pavé de forme carré, avec écartement important, légère bosse sur le dessus. La place de Pseudopolis. La rumeur ambiante lui comfirma son idée. Vendeurs interpellant le chaland, cris des dits chalants après s'être fait arnaqué et les habituels effluves des stands.
Une odeur attira l'attention de Samuel. Sur l'échelle de Richter des odeurs, un bon 7.5. Il n'eut pas le temps d'ouvrir les yeux que déja Planteur lui avait farci dans la main un "hout dog". l'équivalent Ank Morpokien du hot dog pour les moins sagaces. Tout ce qu'on peux en dire c'est qu'il y a de la viande dedans. Enfin principalement.


- Merci Planteur ! Alors comment vont les affaires ? demanda Vimaire

Le commissaire estimait que Planteur était un bon indicateur de la santé de la ville. Une girouette efficace quand il s'agissait d'essayer de voir les grandes tendances du moment.

-Bien bien Monseigneur. Il vous plait pas mon ptit pain ? Mangez le sinon quelqu'un va se jeter dessus. Ha ha ! s'esclafa Planteur. Un tee shirt ca vous dirais ? Une demi piastre et J'me tranche la gorge.

- Je me doutais bien...rétorqua Vimaire. Mais dis moi, Planteur, tu ne serais pas au courant de ce qui à pu se passer aux alentour des abattoirs il y a quelques nuits ?

La question était plus rhétorique qu'autre chose puisque Angua lui avait fait un rapport complet sur l'achat de viandes louches en provenance de l'extérieure de la cité. Un certain Coupeur j'me fend la tête avait vraisemblablement acheté un stock important de viscères et de...viscères. Planteur pâlit soudainement.

- Moi Monsieur le Commisaire ? demanda t'il l'air innocent. Vous me connaissez vous savez que ma viande est pur...Comment ca s'appelle dèja ? Porc ! Voila ! Pur Porc !

Vimaire sourit. Comme peuvent sourire uniquement les requins. Son bras se détendit rapidement comme pour frapper. Mais il déposa seulement le petit pain dans la caisse que trimballait le vendeur. Planteur qui n'était dèja pas en grande forme se décomposa un peu plus encore.

- Ton sens du commerce se détériore Planteur, il ya quelques temps tu m'aurais quand même, enfin tu aurais tenté de me vendre quelque chose attaqua Vimaire. Mais ne t'inquête pas, tes petits traffics ne m'interessent pas...pour l'instant...

Samuel fit traîner sa phrase. Et rit intérieurement. C'est fou ce qu'on peut obtenir avec un peu de psychologie. Planteur profita de cette pause pour reprendre quelque contenance et tendit un Tee Shirt au commissaire.

- Voila pour vous Monsieur Vimaire et un autre pour votre Dame tenta le vendeur. Ca me fait plaisir vraiment. Bon bah c'est pas tout ca mais le temps passe et le temps c'est...

-De l'argent le coupa Vimaire. Je sais. Mais la prochaine fois trouve toi un nom d'emprunt plus...valable.

Le tout récemment promus Duc D'Ankh Morpork n'etait pas un exemple de générosité mais savait être magnanime envers les petits "commercants" qui pullulaient dans SA ville.
Après tout cela faisait partie du charme d'AM. Que serais la ville sans ses vendeurs de petits pains ?
Il tourna les talons et s'enfonca dans la foule vers le guet des Orfèvres. Deux tee shirts dans les mains. Un nom y était écrit en Rouge brilliant : ABATS. L'homme s'esclafa, pas insensible à l'humour du charlatan. C'etait un pur exemple de l'ingénuosité des habitants de la ville : commettre un crime et en faire un commerce rentable. Ce n'était pas encore la guilde des voleurs ou celle des assassins mais l'idée était là. Un détail le troubla tout de même : l'orthographe du mot ABATS.

Jaymal se glissait à travers la foule attroupée sur la place de Pseudopolis. Passant tout à fait inaperçu avec sa culotte violette, ses chausses à grelots et sa veste d'un rouge criard (je vous épargne les détails, par pitié pour votre estomac), il se faufilait entre les vieillards qui se dirigeaient vers le Tambour Raffistolé et les grosses dames poudrées sortant de l'Opéra. Malgré l'accoutrement, on ne prétait pas attention au jeune homme.
Dans une de ses crises de "Je suis invisible! Ha Ha! Vous pouvez pas me voir!", il courait pourtant en tout sens et sautait devant le visage des gens tel un diable en boîte échappé de la guilde des fous (SINE BLAGUEM...)... mais même les femmes ne sourcillaient point et reprenaient immédiatement leurs conversations... ce qui confortait le garçon dans l'idée qu'il était invisible. Reparti pour tour, les petits cris de Jaymal ne faisaient que s'ajouter au fatras constant qui régnait sur la place, les rires, les cris, les pleurs, les commérages, et même des reprises de certaines chansons de Laide Zibeline par des bardes timbrés...
Sautillant d'individu en individu, Jaymal se dirigeait peu à peu vers le Guet des Orfèvres...

"BOOH!" par ci.
"BOOOH!" par là...

"BOo..." Les yeux de Jaymal s'étaient retrouvé juste au niveau d'une petite plaque métalique, et le son de sa voix s'interrompit.

"Numéro un, sept, sept... cent...soixante...dix-sept...woops"

Le garçon leva les yeux et croisa ceux d'un homme avec dans ses mains deux tee shirts...

Tiens tiens...Qu'avons nous là ? pensa Vimaire. Un bien étrange énergumène. Mais Samuel n'était pas du genre à juger sur les apparences sauf évidemment si l'individu avit vraiment l'air louche. Après tout, c'est ce que l'on demande à un flic, non ?

Prends ca...lui dit il en lui tendant un des tee shirts. Tu devrais réussir à te l'enfiler. De la guilde des fous, pas vrai ?

Le commissaire se dit qu'il devrait vraiment monter un dossier par guilde avec des iconographies de leurs membres et se promit d'en discuter avec Carotte.

Jaymal regarda avec stupeur l'homme à la plaque.

"Vous...vous me voyez?... et bouse de Bérilia..."

Sur le visage du garçon, le sourire n'était plus. Ce fut la désillusion, la perte totale de confiance en lui, la "nouvelle" eut sur lui l'effet qu'aurait eut sur un enfant la prise de conscience que le père Porcher n'existait pas... Toutefois, l'homme lui tendit un tee-shirt sur lequel était écrit "ABATS", pour une raison que Jaymal ignorait totalement.

"Euh... merci!" dit poliment l'adolescent en attrappant le vêtement. On était rarement gentil avec lui, et là, qu'une personne qu'il ne connaissait pas lui offre quelque chose le rendait... tout chose! Une larme monta presque à ses yeux.
Pour camoufler son émotion, il enfila le tee-shirt, par dessus les vêtements qu'il portait déjà.

"Juste comme ça, j'appartiens pas à la Guilde des Fous, des Drilles et Collège des Clowns!" Jaymal avait lu la phrase en passant devant l'établissement une fois, et ressortir l'expression aurait sûrement fait bonne impression.
"Je suis pas un de ses maniaco-dépressifs siphonés du bocal par P'tang-p'tang!"
Jaymal n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'aller voir un quelqconque psychiatre, ni même un quelconque médecin... et il se ragardait rarement dans la glace...

Les yeux de Vimaire avit du mal à s'arracher à la contemplation de ce phénomène de foire. Chacun possède en lui une part de bizarrerie c'est sur mais là ce mec avait bouffer la part de ses voisins de table vraisemblablement. On vit le commisaire hésiter puis le doute semble ne plus flotter dans ses yeux. Parier sur un cheval avec une mauvaise côte, c'était pas le but de sa vie, non, mais ca l'amusait toujours beaucoup...

Ecoute mon grand dit Vimaire. va manger un ti quelque chose avec ça

Il lui jette une pièce ou deux, de quoi manger dans un boui-boui.

Et voit sur place si quelqu'un sait ce qu'est ce "ABATS"...

Vimaire tourna les talons pour se diriger vers l'entrée du guet puis au bout de quelque mêtres il se retourna vers son interlocuteur.

Au fait, oublie l'inscription chez les fous tu m'as l'air trop "sensé" pour ça va.

Et il disparu dans la foule.

( hrp : message envoyé dans ta messagerie lis le merci ^^)